30 oct. 2007

Automne

L'AUTOMNE

Salut, bois couronnés d'un reste de verdure!
Feuillages jaunissants sur les gazons épars!
Salut, derniers beaux jours! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards.

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire;
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,

Ce soleil pâlissant dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois.

Oui dans ces jours d'automne où la nature expire,
À ses regards voilés je trouve plus d'attraits;
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais.

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,
Je me retourne encor, et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui.

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aubord de mon tombeau!
L'air est si parfumé! la lumière est si pure!
Aux regards d'un mourant le soleil est si beau!

Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel;
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel!

Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu!
Peut-être, dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu!...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire;
À la vie, au soleil, ce sont là ses adieux:
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.

Alphonse de Lamartine

Automne à Dommiers

25 oct. 2007

Another brick in the wall

C'est le titre d'une chanson des Pink Floyd des années 70 extraite de l'album "The Wall". Ces années là furent importantes pour moi. Je trouvais alors mon travail définitif, je déménageais dans un plus grand appartement à Paris, je commençais à voyager dans le monde et en particulier je participais avec mon père à une expédition dans le Mato Grosso au Brésil. Pour moi qui ai choisi comme devise dans mon blog "celui qui regarde passer le temps" cette période est bien à marquer d'une pierre blanche, ou comme le disent les Pink Floyd : une autre brique dans l'édifice de ma vie.
En ce moment je traverse une crise et suis en dépression. Bien que cette dernière ait été déclenchée par une situation dont je suis en grande partie responsable , la cause principale est quand même liée au vieillissement et à l'inéluctable rapprochement du terme de ma vie. J'ai évoqué dans l'article "peinture et thérapie" l'effet bénéfique de la peinture sur ma dépression, l'esprit se vidant complètement pendant les heures où le pinceau caresse la toile. Or je découvre, grâce à la compilation de ces photos de mes "années glorieuses" que ma vie a eu un sens, que ma famille en était le centre et que le bonheur existait. Cela aussi est une formidable thérapie.
Bref on peut poser l'inéquation :
"peinture + souvenirs heureux + pilules > dépression"

Pour accompagner le diaporama vous pouvez entendre les Pink Floyd en cliquant sur le bouton play du petit lecteur ci-dessous :







Another brick on the wall. Pink Floyd

Diaporama photos années 70
(Vous pouvez passer en mode manuel en cliquant sur les 2 barres symbole de "pause" ou, si vous préférer voir les photos dans leur taille réelle, cliquer sur une photo)

18 oct. 2007

Summertime








Lancez la musique avec le bouton play


L'opéra folk "Porgy and Bess" de Gershwin est un joyau musical, même si sa présentation des noirs américains peut être jugée stéréotypée et caricaturale. Le duo Ella Fitzgerald- Louis Armstrong donne ici une interprétation remarquable. Comme d'autres morceaux de Gershwin, Summertime est devenu un standard, interprété par tous les grands du Jazz. Citons en particulier :
Count Basie, Sydney Bechet, Miles Davies, Charlie Parker. Il déborda du genre vers le rock, avec Gene Vincent, Janis Joplin, Paul Mac Cartney et même vers le Reggae!
En ce début d'Automne laissons nous encore bercer à la chaleur de ce "temps d'été" à peine enfui.

16 oct. 2007

Promenades dans le Paris d'avant 68

Un Rolleiflex en bandoulière, je partais dans Paris, cherchant à capter son atmosphère unique. Le 13ème arrondissement, où j'habitais, était mon sujet favoris. On y trouvait encore une vieille raffinerie de betteraves, hors d'usage, mais que tous ceux qui empruntaient le métro de place d'Italie à Nation connaissaient bien, vieille carcasse de brique aux vitres brisées. Les promoteurs n'avaient pas encore envahis Paris et on trouvait deci-delà quelques perles rares comme ce jardin secret que j'ai photographié ou ces courettes gardées jalousement par des concierges, pas encore "gardiennes d'immeubles". Sous le pont Marie ne coulait que la Seine et ses berges, utilisées par les promeneurs, les amoureux ou les clochards ne servaient pas à une voie "rapide" ou à une plage artificielle! Le 13ème allait être complètement transformé. Autour de la raffinerie et de la rue Clisson les maisons insalubres allaient être démolies et un nouveau quartier allait pousser, en attendant plus tard - bien plus tard - le quartier dit "chinois" de Masséna.



Les chansons sur Paris ne manquent pas et les interprètes non plus! Pour le montage des photos j'ai choisi une chanson de Marc Lavoine - Paris - qui se situe loin des clichés de Piaf, Trénet ou Montand. Cette version est de plus interprétée par Souad Massi sur un rythme arabo-andalou séduisant et un peu mystérieux.
Si vous préférez une version plus classique du diaporama, dans laquelle vous pouvez choisir les photos et (éventuellement) les télécharger : cliquez sur l'image des deux clochards.

12 oct. 2007

Quatre murs et un toit

La chanson de Benabar "quatre murs et un toit" m'a donnée envie d'illustrer l'histoire de ma maison de Dommiers par un petit diaporama.
Mes beaux parents achetèrent cette maison au printemps de 1963. Je m'y suis marié quelques mois plus tard. D'abord simple maison de "week-end" pour parisiens elle devint peu à peu le centre des évènements familiaux de la famille Comare, fêtes, mariages, baptêmes et - hélas - enterrements.





Mes beaux parents, qui se prénommaient Robert et Marguerite sont vite devenus "Apé" (contraction de "grand-père") et "Manguitte" . Ces surnoms furent attribués par Hélène, ma fille, et se sont transmis ensuite à l'ensemble des nouvelles générations. Peu à peu Apé acheta les maisons mitoyennes constituées par une boulangerie et la maison du boulanger. Des travaux permirent de rendre la maison habitable en toutes saisons et elle devint un lieu de retrouvailles familiales pour les enfants et petits enfants. Mon beau-frère Philippe y débuta une carrière d'éleveur de chèvres qui - à défaut de lui assurer la fortune - fit le bonheur des enfants découvrant par ce biais la vie à la ferme.



Comme dans la chanson de Benabar, aujourd'hui les liens se sont distendus. Les enfants de Ape et Manguite ont chacun leur maison, leurs enfants ont leurs propres vies et leurs soucis et si Dommiers reste dans leur mémoire ils n'éprouvent plus trop le besoin de s'y retrouver comme dans la photo ci-dessus.
Mon diaporama ne contient qu'un extrait des photos anciennes. Pour en voir la quasi totalité cliquez sur l'image ci-contre:

9 oct. 2007

Les Fleurs du Mal : Confession


Si la maitresse permanente de Charles Baudelaire fut Jeanne Duval cela ne l’empêcha pas d’avoir une liaison pendant près de dix ans avec une « mondaine » : Apolonie de Sabatier. Au sein du recueil des «Fleurs du Mal» quelques poèmes lui sont dédiés dont cette «Confession»

Imaginez … Un homme et une femme dans la nuit : cela pourrait se passer n’importe où et n’importe quand. Ils parlent… de la pluie, du beau temps, de leurs amis communs, des films ou des chansons qu’ils ont aimés. Ils boivent et fument aussi, et la fumée monte en volutes paresseuses dans la pièce tandis que l’alcool s’insinue dans leur sang, rapprochant la distance qui les sépare.

La nuit de la campagne est silencieuse, pas comme ces nuits parisiennes qui résonnent du bruit sourd de la ville. Seul l’appel lugubre d’une chouette retentit de l’autre côté de la vallée. Et puis soudain, comme si un barrage avait cédé, des mots bizarres sortent de la bouche de la femme. Des mots qui, bien que prononcés à voix basse, résonnent comme des cris. Ils disent la douleur qui a été la sienne, ses tentatives pour vivre, le dégout qu’elle a éprouvé au contact de certains hommes. Ces mots sont dépouillés de tout habit qui les travestirait, ils sont crus, réels, exempts de tous ces fards de la société et de la morale. Alors, étrangement, elle s’apaise lentement, soulagée de ce poids terrible qui l'oppressait mais un peu gênée de s’être confiée à cet homme qu'elle connait peu. Ainsi la Confession, comme le sacrement de la religion chrétienne, soulage celui qui se confesse. Mais, telle une transfusion mentale entre confessée et confesseur, les mots – tous les mots – sont venus s’incruster dans le cœur de l’homme, y laissant une marque douloureuse et indélébile comme celle d’un fer rouge sur sa chair. C’est cette double douleur –celle de la Femme et celle de l’Homme qui l’écoute – que nous chante Baudelaire.

Peut-être a-t-il vécu un instant semblable avec Madame Sabatier ? En tout cas écoutez son poème et vous comprendrez la différence entre les mots que j’ai utilisés et ceux d’un grand poète…

Je vous livre un petit montage que j'ai réalisé en rassemblant quelques éléments autour du poème dit par Jean Deschamps. La musique de fond et extraite de la partita BWV 1004 de Jean Sébastien Bach


7 oct. 2007

Peinture et thérapie

Lorsqu'on peint l'esprit se dégage de toutes autres préoccupations que celles de bien peindre : choisir le pinceau adapté au rendu d'une zone, doser la pression du pinceau en fonction de l'épaisseur, l'opacité ou la transparence de la couleur, etc.
On oublie alors tous les soucis et les idées noires reprennent de la couleur. On peut ainsi passer des heures en dehors de soi-même. A la fin de la séance on a la tête vide et on se sent comme après un bain tiède : un peu mou mais calme.
Le tableau que je peints en ce moment est une allégorie : Une femme- sans doute une magicienne, La "Femme" en tout cas - belle et ensorcelante comme il se doit, s'amuse avec ses créations. Il y a des fleurs fantastiques, une mer couleur d'acide, un ciel inquiétant, du sable violet (ah... Gauguin!...) et surtout un cheval.
Le cheval représente l'Homme. Il a des ailes étriquées qui l'empêcheront de voler vers la Femme dont il rêve et de plus la magicienne a créé des ronces qui sont venues entraver ses pattes. Les fleurs, certainement carnivores, le dévoreront sans doute...

C'est un tableau de dimension moyenne (55 x 45 cms) qui rompt avec ma technique habituelle. Grand amateur de Van Gogh, je l'ai tellement copié que j'en étais arrivé a imiter sa touche et sa pâte même dans mes propres créations (assez rares il est vrai comparées aux copies).
Ce dernier tableau est de facture plus traditionnelle en ce qui concerne la technique, notamment celle du "glacis" utilisée par les peintres de la Renaissance. (Superpositions de plusieurs couches de peintures transparentes).
On aperçoit ce type de travail dans ce détail de la tête, notamment dans l'ombre de la joue, la lumière sur le front et les mèches des cheveux.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir

La trans-brésilienne il y a 35 ans


En 1971 j'ai participé à une petite expédition dans une "réserve" d'indiens (les Karajas) qui vivent (ou vivaient ?) le long du fleuve Araguaia, celui qui longe une grande partie de la route que Guillaume et ses copains comptent prendre pour descendre vers le sud du Brésil.
(Voir leur Blog : http://aventureamerique.blogspot.com/)
On se sent un peu perdu dans l'immensité de la forêt brésilienne. Je me souviens de ce sentiment que j'ai eu que les postes d'essence étaient des sortes d'escales dans cet océan que constitue la forêt et dont les bateaux sont les camions qui la sillonnent du Nord au Sud. L'ambiance qui y règne est celle des escales, avec ses marins faisant ripaille, les filles de joie gagnant leur pain quotidien, et les pauvres, candidats au départ, essayant de négocier leur voyage dans la cale - pardon - sur la remorque- d'un camion.
Voici un des ces postes d'essence aux environs de Gurupi.
Au retour de notre expédition un de nos compagnons est mort dans cet endroit, brulé vif par le gazoil avec lequel il remplissait le réservoir de son camion.

Bonjour


Voilà c'est moi : il faisait beau ce jour-là et j'avais ressorti ma vieille guitare classique achetée il y a plus de 40 ans.
J'avais décidé d'arrêter de raconter ma vie sur Internet mais tous mes proches m'ont mis la pression pour que je recommence. Alors je change de style, de fournisseur de blog (encore Google!) et j'essaierai de ne pas vous ennuyer (mais ça ce n'est pas sûr!)
Jean